Aller au contenu

Brève 67 : Les mineurs isolés étrangers (MIE) relèvent – ils de l’orthophonie ?

Le retard de langue – comme nous l’avons expliqué dans la brève 5 – n’est pas une pathologie. Les cours de Français langue étrangère (FLE) sont la structure dans laquelle les étrangers qui arrivent en France doivent apprendre notre langue.

Toutefois, si certains – alphabétisés dans leur langue –  progressent assez vite dans l’apprentissage du langage oral, de la lecture et de l’écriture en français, d’autres ne progressent pas et rendent désarmés les professeurs de F.L.E. Ces derniers alors les orientent parfois vers une orthophoniste, (comme à mon cabinet) pour savoir décrypter ce qui pose problème chez ces jeunes.

.

Qu’est-ce qu’un analphabète ?

Un analphabète est une personne qui n’a jamais été mis en situation d’une quelconque langue écrite, c’est-à-dire qui n’a jamais rencontré la situation où des sons oraux peuvent se symboliser par des signes à l’écrit, qu’il s’agisse d’idéogrammes, de l’alphabet arabe ou de l’ alphabet occidental.

Il faut donc qu’il comprenne qu’on symbolise des sons par des idéogrammes, des sons par des lettres, des phonèmes par des graphèmes.

  1. La première question qui se pose alors est la suivante : maîtrise-t-il la symbolisation ? 
  2. La deuxième question est : maîtrise-t-il toutes les acquisitions spatio-temporelles nécessaires pour apprendre à lire et à écrire (acquisitions étudiées en France en école maternelle) ?

Si nous rentrons dans le détail : il est nécessaire que cet analphabète :

1. connaisse sa droite et sa gauche sur son corps.

2. soit capable de reconnaitre la droite et la gauche sur autrui en miroir.

3. maîtrise dans l’espace la notion de droite et de gauche.

4. maîtrise dans l’espace la notion de haut et de bas.

5. comprenne la transposition du haut et du bas de l’espace sur une feuille horizontale posée sur un bureau.

6. soit capable de mettre dans l’ordre de gauche à droite, une sériation de 5 images. C’est-à-dire qu’il ait compris qu’il y a une continuité, un lien entre les images.

Marie de Maistre, orthophoniste, dans « Dyslexie, dysorthographie », [1]détaille les 5 opérations mentales nécessaires pour acquérir la lecture :

  1. La différenciation auditive des sons du langage symbolisée par des lettres.
  2. La différenciation visuelle que sont les lettres (en haut en bas à droite à gauche).
  3. La distinction de l’ordre de succession des lettres dans l’espace et des sons dans le temps, c’est-à-dire la capacité à ordonner des successions : que ce soient des successions logiques ou des successions conventionnelles.
  4. La capacité de transposer les données de la perception spatio-temporelle à la structuration des objets (comme dans les cubes de Kohs)
  5. La possibilité d’évocation rapide de la méthode symbolisée par des sons lus.

C’est donc sur l’apprentissage de ces « prérequis » du langage écrit que l’orthophoniste peut avoir à intervenir car l’absence de ces bases rend impossible l’apprentissage.

Nous enverrons un exemple dans la brève 68.


[1] « Dyslexie dysorthographie : Analyse des troubles et techniques de rééducation » Marie de Maistre, encyclopédie universitaire, 1974. Livre disponible en version numérique.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *