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Brève 66 : CHIAKI : Un retard de langage classique, oui mais … 

Une dame japonaise consulte pour son fils Chiaki, âgé de 6 ans, sur les conseils de la maîtresse [1]car il parle mal.

Anamnèse

Chiaki est né en France. Sa mère est japonaise et son père tunisien. Il a été nourri au sein. Il a marché à 10 mois. Sa mère lui parlait japonais, mais elle précise qu’en allant à la crèche, il a oublié le japonais. Il le comprend toujours. Elle retourne tous les étés au Japon avec son fils (sans son mari qui va s’occuper de sa mère malade en Tunisie). Chiaki entend bien et mange bien. A deux ans il a été en petite section maternelle. Il n’y avait pas de souci. Juste quelques mots qu’il n’arrivait pas à prononcer. (les f et les v d’après la mère ). Cette année le début du CP a été difficile car il était « un peu bébé » dit la mère. Mais maintenant « cela va mieux ».

Le bilan orthophonique fait apparaître :

Un sigmatisme très net sur le s/z

Un retard de parole léger : buis devient boui, arbre devient arb.

Un retard de langage, caractérisé par un déficit important dans la construction de la complexité des phrases. Les phrases avec expansion sont pratiquement absentes dans le test « des cerises » :11% pour Chiaki, pour 58% pour un enfant de 5 ans 6 mois

La rééducation

La rééducation du sigmatisme fut très rapide.

La rééducation du langage a porté sur la syntaxe de base : L’apprentissage et l’utilisation des prépositions. L’apprentissage des verbes irréguliers en français. Ex : Il peint, ils peignent, L’accord sujet prédicat, les verbes réfléchis, la connaissance et l’utilisation des mots de liaison : Pendant que, parce que, tellement que. Faire varier la structure complexe…

« Un travail de langage » à trois avec la présence de la mère a été tenté. La mère fait les mêmes erreurs linguistiques. Mais ce travail n’a pas entraîné un plus grand investissement de Chiaki qui vient car il est obéissant…

La venue du père ne fut jamais envisageable. Il n’a pas été possible de savoir si le père voyageait ou s’il vivait avec eux. Il « n’existait » pas dans le discours de la mère. Il n’était jamais « parlé ».  Il n’a pas été possible de savoir si le père parlait français…      

Face à un investissement qui s’effritait chez Chiaki, la rééducation fut arrêtée au bout d’un an.

Conclusion

 La rééducation a eu des résultats limités. La relation entre Chiaki et sa mère était très fusionnelle. Chiaki répondait aux injonctions de sa mère, en venant aux séances, mais les progrès ne passaient que très lentement dans le spontané. La motivation venait plus de la mère que de lui-même. D’autre part, créer un espace pour l’enfant en tant que tel, en travaillant sur la triangulation familiale (père/mère/ enfant), n’a pas été possible. 


[1] Trois niveaux de demande qui sont comme des ronds dans l’eau :

1. Les parents s’inquiètent et viennent d’eux même consulter une orthophoniste.

2.Ils obéissent à une injonction du professeur des écoles.

3.Ils obéissent à une injonction du médecin scolaire.

La demande n’est pas à analyser de la même façon par l’orthophoniste selon le cas.

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