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Brève 24

Un fil qui se tire.

De séances en séances, j’ai le souci qu’un fil se tire. C’est-à-dire que quelque chose s’inscrive dans la mémoire de l’enfant d’une semaine sur l’autre.

Je pose cette question en début de séance. « Qu’est- ce qu’on a fait la semaine dernière ? Où en était-on ? »

Je cherche à voir, de façon discrète, si quelque chose de la séance précédente est resté gravé, dans sa tête. Je ne cherche pas – comme dans un projet pédagogique – à contrôler si des connaissances s’agglutinent dans le cerveau de l’enfant. Je cherche à savoir si j’ai pu « crocheter », « hameçonner » l’enfant sur un ou des éléments donnés lors de la séance précédente, ou si tout s’est effacé. Des traces sont-elles restées ? 

Si la réponse est « je sais pas », cela signifie pour moi que l’on est dans la situation du dessin sur la sable après le passage d’une grosse vague : tout est effacé. La semaine écoulée avec ses multiples activités, n’a pas permis de laisser une trace de la séance précédente…L’enfant n’est pas au travail. Il vient parce qu’on lui demande…

Si la réponse est : « je savais mais je sais plus », je demande alors à l’enfant s’il peut prendre un moment pour chercher dans sa tête, en silence …Il est intéressant alors de voir ce qui se passe…Si des bribes exactes, fragmentées, peuvent être évoquées par l’enfant.

Quand le fil se tire au fil des séances, il est le signe que l’enfant est plus « sujet », qu’un désir naît chez lui, qu’il s’est mis au travail.

 J’ai remarqué que cette mise au travail apparaît indépendamment du niveau d’intelligence, comme chez des adultes « handicapés mentaux ». Arielle, trisomique, dit avec un large sourire en début de séance : « Trois, trois, quatre », signifiant ainsi qu’on a travaillé la séance précédente des mots de trois et quatre lettres. 

3 commentaires sur “Brève 24”

  1. Anne-Marie Fernez Remacle

    Il y a, certes, ce dont ce fil témoigne de la manière dont l’enfant est engagé dans le suivi mais est-ce que ce qui n’est pas en jeu aussi pour certains enfants arrêtés « au seuil du langage », c’est leur capacité de se représenter et de jouer avec ses représentations? Les deux sont liés d’ailleurs: un engagement personnel dans le suivi n’est possible que si l’enfant peut se représenter quelque chose de ce qu’il vient y faire. Avant cela il vient parce qu’on l’y amène.

  2. Peut être que s’il dit je sais pas , c’est parce qu’il ne sait pas comment le dire , quoi retenir d’essentiel dans tout ce qu il a vécu la séance dernière , parce qu’il a envie que ça reste secret , parce qu’il compte sur nous pour le soutenir et vérifie qu on se souvient nous ….etc …?
    Y a plein d’hypothèses et elles se vérifie t par l’écoute pointue de l’enfant au fil des séances , des petits signes qui en disent long …mais il n’y a bien sûr pas une seule interprétation !
    Peut être est ce ce  » je sais pas  » qui va être le fil de toutes les séances !?

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