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Brève 22

Le bilan d’une rééducation de la déglutition infantile : « Moi, je ne peux rien faire ».

Le bilan d’une rééducation de la déglutition infantile, un espace de bascule où un sujet déconcerté peut devenir actif.

Pendant ce bilan, lors des questions posées à l’enfant, (voir brève 19 et 20), j’observe souvent un double phénomène. L’enfant se demande intellectuellement pourquoi il doit rééduquer sa langue et de plus il ne ressent aucune gêne physiologiquement.

Je lui explique alors le pourquoi de cette rééducation en faisant une démonstration sur moi de l’action du pouce ou de la sucette sur la langue. Elle est devenue paresseuse. Aussi est-il nécessaire maintenant de la muscler.

Je lui demande s’il est d’accord pour faire quelque chose ? Je note ce qu’il répond.

Je lui dis qu’il va falloir faire de la gymnastique pour sa langue : faire des exercices deux fois par jour. J’ajoute cette phrase : « si tu les fais bien, cela va progresser, si tu ne les fais pas, cela ne progressera pas ». Et j’ajoute : « moi je ne peux rien faire ».

Cette expression « moi, je ne peux rien faire » est à mes yeux, très importante.

 En disant cette phrase, je dis mon impuissance à modifier quelque chose. Je « me retire » en lui laissant un espace pour lui, qu’il pourra symboliquement habiter. Ainsi je trace un chemin que je souhaite qu’il prenne, vers une attitude plus active, une attitude d’un sujet qui se prend en main et qui prend une décision. Il arrive que l’enfant ne souhaite pas continuer et revienne quelques temps plus tard.

Son accord obtenu, je lui demande ensuite d’acheter un petit carnet qui lui plaise par sa couverture, pour noter tout son travail. Je lui demande ainsi de se faire un petit plaisir dans cette nouvelle aventure qui lui est propre : la rééducation de sa langue.

J’explique qu’il y aura trois temps dans la rééducation :  la musculation de la langue, l’apprentissage de la bonne position et l’automatisation. « Combien de temps va durer cette rééducation ? Je n’en sais rien. Sans doute quand même 6 mois. C’est comme un entrainement de sport, il n’y a pas de baguette magique ».

C’est grâce à cette sollicitation que je recherche, dès le bilan, auprès de l’enfant, que ce dernier, déconcerté au départ, va devenir acteur de sa rééducation. 

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