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Brève 17

Ah ! oui, je l’avais appris en CE1, avec madame X, ma maîtresse…Comment réagir ?

Martin est en CM1. Il a déjà fait plus d’une dizaine de séances pour ses troubles de lecture. Suite à des erreurs répétées sur le c et le ç, je m’apprête à lui expliquer la règle. Mais ce jour-là, il me coupe la parole et me dit :

Ah ! oui, je l’avais appris en CE1… avec madame X, ma maîtresse.

Cette phrase mérite toute mon attention.

Je dirai que ce qui est intéressant dans le dit de cette phrase, c’est la réflexion, au sens de « se replier en revenant sur soi » qui jusqu’alors n’avait jamais été verbalisée. Cette mémorisation est le signe que Martin fait des ponts entre différents lieux d’apprentissage, ou de rééducation. C’est lui qui de lui-même se met à faire des passerelles, entre des lieux, entre des moments de sa vie. C’est le signe que quelque chose s’est mobilisé en lui, qu’il s’est « mis au travail ».

Pour ma part, j’entends cette phrase en silence, sans le féliciter ou en faire un commentaire, je laisse résonner dans le bureau, simplement sa réflexion spontanée.

Cette mémorisation est-elle exacte en termes de contenu ? Martin n’exprime-t-il que des bribes de la règle, des propos tels que « c’est une histoire du c et du a, mais je sais plus trop » ? Quels éléments de contenu restent dans sa mémoire ? Il arrive en effet que la règle ait été complètement modifiée, transformée, dans la tête de l’enfant, ou que des acquisitions antérieures comme les catégories de voyelles et de consonnes ne soient pas stables. D’autre part, est-il sûr de ce qu’il avance ? Ou pas trop ?

J’écoute ses réponses, ses hésitations, je regarde ses mimiques.

Je cherche à faire « re – sortir » cette règle fabriquée, que j’écris comme un possible. Nous la disséquons ensemble. 

« Il y a deux groupes, les consonnes comme le « a » et l’autre je ne me souviens plus de son nom ». Je pars des données exprimées par Martin, je « trie » ses propos, en lui indiquant que cette hypothèse qu’il donne est fausse, je « reconstruis », morceau par morceau : un travail d’abord sur les deux familles de lettres, puis un travail sur les deux sous-groupes de voyelles, pour arriver enfin à la règle « orthodoxe ».

Partir des bribes de ce que sait l’enfant – même si elles sont erronées – est pour ma part fondamental.

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